Antigone est une adolescente brillante au parcours sans accroc. En aidant son frère à s’évader de prison, elle agit au nom de sa propre justice, celle de l’amour et la solidarité.
Désormais en marge de la loi des hommes, Antigone devient l’héroïne de toute une génération et pour les autorités, le symbole d’une rébellion à canaliser...
Tragédie (n.f) : pièce de théâtre caractérisée par la gravité de son langage et une action menant à une issue fatale un ou plusieurs de ses personnages.
Ici, on se souvient avoir lu l’Antigone de Jean Anouilh à l’école, sans doute sans en comprendre tout ce qui s’y jouait vraiment. Un souvenir vague d’une femme qui avait bravé les interdits familiaux et sociaux pour enterrer son frère déshonoré coûte que coûte, c’était en substance tout ce qu’il nous restait de cette histoire.
Bien des années plus tard, voilà que le cinéma propose une adaptation libre et moderne de cette tragédie. Car oui, qu’y a-t-il de plus cinématographique, au fond, que les tragédies ? Elles seules nous racontent dans ce que nous avons de plus sublime, parce qu’elles sont l’évocation de notre impuissance fatale face à tous les systèmes que nous bâtissons pourtant nous-mêmes. En cela, la rencontre entre tragédie et cinéma, est, sur le papier, une évidence.
Ce film, en tous points remarquable, en est ainsi une merveilleuse illustration : reprenant tous les codes de la tragédie antique classique (destin individuel luttant contre la providence, le choix impossible à faire, les imbrications familiales), la réalisatrice Sophie Deraspe parvient à utiliser toute l’étendue du langage cinématographique pour en faire un véritable spectacle moderne, chargé d’une puissance toute subtile. L’étau de l’injustice se referme aussi bien sur Antigone (exceptionnelle Nahéma Ricci) que sur nous, spectateurs déchirés devant le sort d’une héroïne acculée par le poids du dilemme, qu’on envie rageusement, dans le même temps, pour sa conviction inébranlable.
Ce film est sans conteste l’un des plus beaux films que nous ayons vus en cette rentrée, et, nous en sommes certains, il trouvera chez nous l’écrin parfait pour exister comme tel auprès de nos spectateurs.