La carlingue vibre de toutes parts, menace d’imploser. On ne voit rien de l’extérieur, hormis la vision, obstruée par la buée, qu’en offre un hublot riquiqui. Enfermé, bringuebalé dans cette boîte de conserve, le pilote attend, immobile, presque passif, ce que le destin lui réserve. Avait-on déjà vu au cinéma le décollage d’une fusée filmé exclusivement de l’intérieur ? Avait-on déjà ressenti de la sorte l’expérience physique, claustrophobe, surhumaine, que cela représente ? Aussi saisissante qu’antispectaculaire, cette scène d’ouverture donne le la. "First Man" n’est pas le "La La Land" du space opera, il ne perpétue pas la mythologie du genre ni ne célèbre les héros de la conquête spatiale à la manière hollywoodienne.
Basé sur "First Man. The Life of Neil A. Armstrong", de James Hansen, qui se focalise sur huit années, de 1961 à 1969, du lancement du programme Apollo au lendemain du premier pas sur la Lune. Surtout, il met en avant un épisode peu connu : la mort d’une longue maladie de la fille d’Armstrong, à l’âge de 2 ans et demi, traumatisme fondateur de son exploit.
Quant à Damien Chazelle, il creuse ses thèmes chéris (l’envers du rêve américain, l’impossibilité du couple), adresse des petits clins d’œil aux classiques du genre, orchestre un ballet d’ombres et de matière pour dire la fragilité de la vie.
Le nouvel obs