C’est la nuit. Dans une obscurité ponctuée de néons, des feux rouges, de réverbères, trois policiers doivent faire un choix, un de ces choix qui fracturent l’âme. Ils sont chargés d’accompagner un immigré vers l’avion de la déportation. Ce prisonnier, dont la douleur d’exil est perceptible, sera sans doute tué dans son pays d’origine. Mais le devoir exige le respect de la loi et l’obéissance aux ordres : c’est ce qu’impose Erik (Grégory Gadebois), le flic le plus âgé, très service-service. La simple décence humaine autorise à fermer les yeux, pour laisser cet homme s’échapper. C’est la discussion qu’ont Virginie et Aristide, les deux autres flics (Virginie Efira et Omar Sy), dans la voiture qui les mène à l’aéroport. Trois points de vue, donc.
Dans ce miroir à trois faces, Anne Fontaine observe les comportements des êtres, balayés par le doute, ancrés dans leurs convictions, ballottés par les événements et, finalement, incertains. Tout est là : désobéir ou obéir ? Peu à peu, d’autres émotions se font jour. Secrets dissimulés, péchés imperceptibles, bagages d’un passé qui ne passe pas. Anne Fontaine, s’inspirant d’un roman d’Hugo Boris, livre un polar qui n’en est pas un. Il n’y a pas de coupable, pas de mystère, pas de « le-coupable-est-dans-ce-salon ». Tout est donné. A nous, spectateurs, de faire le tri. L’Obs