Tiré du livre du même nom, BlacKkKlansman raconte l’histoire vraie de Ron Stallworth, premier agent noir entré dans la police à la faveur des premières mesures de discrimination positive.
D’abord affecté aux archives, en butte au racisme à peine voilé de ses collègues, il est nommé aux renseignements où il est utilisé pour infiltrer, avec succès, une association d’étudiants noirs, proche des Black Panthers. Troublé par cette première expérience, et un peu désœuvré, il décide sur une impulsion de répondre à une annonce de presse passée par le Ku Klux Klan pour recruter de nouveaux adhérents. S’il parvient à convaincre le responsable local au téléphone qu’il « hait les nègres », il ne peut décemment pas se présenter lui-même à l’entretien. Sa doublure sera donc un autre policier, Flip Zimmerman (Adam Driver), blanc et juif… C’est ce duo de pieds nickelés représentant tout ce que le Klan vomit qui va infiltrer la cellule locale de l’organisation, remonter jusqu’à son leader, David Duke, et parvenir à déjouer plusieurs projets d’expéditions punitives.
Cinéaste militant et engagé, Spike Lee n’est jamais aussi convaincant que quand il est en colère. Et c’est cette colère, toile de fond d’une comédie en forme de pied de nez à l’Amérique blanche, qui en fait le manifeste politique le plus drôle et le plus jubilatoire contre l’Amérique de Donald Trump et le retour sur le devant de la scène des suprémacistes blancs.
La Croix