Lili Marleen, c’est l’histoire d’une folle passion broyée par la machine infernale du nazisme. Nous sommes en 1938. D’emblée tout sépare les amants. Elle, c’est Willie, une chanteuse de cabaret. Lui, c’est Robert, un musicien de talent, fils unique d’une richissime famille juive. Très vite, cette liaison ardente, déchirante, rebelle, obstinée, s’annonce damnée sous l’ombre des croix gammées.
Poussée par la nécessité, Willie l’humiliée va devenir l’égérie du 3e Reich. Elle enregistre une chanson évoquant la solitude des amants perdus : Lili Marleen. Du jour au lendemain, ces notes mélancoliques deviennent la rengaine des soldats. Rarement comme ici, Fassbinder aura fait étalage avec tant de maestria de sa science des mouvements de caméra, de sa direction d’acteurs, de son goût pour le décor kitsch souligné par de savants face-à-face avec les miroirs. Les arabesques vertigineuses de son œil malin sont là pour signaler qu’en temps d’holocauste, tout n’est encore qu’opérette. Et qu’hommes et femmes se débattent comme des insectes dans un labyrinthe où personne ne peut garder les pieds sur terre…
J.L Douin, Télérama