Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu...
Rodrigo Sorogoyen a brillé dans le polar très noir. Il a brillé dans le thriller politique et il brille aujourd’hui dans la chronique dramatique. Et s’il brille à ce point cette fois-ci, c’est parce que le cinéaste prend complètement à rebrousse-poil tous les codes d’un genre.
D’un bout à l’autre de Madre, Sorogoyen fait systématiquement le contraire de ce que l’on aurait pu attendre d’un énième drame familial. Il nous épargne le pathos propre au sujet. A tel point que l’on en vient à se demander où nous emmène exactement ce Madre alors qu’il déroule avec une sérénité et une maîtrise folle, son récit emprunt de tragédie. On en vient à s’abandonner à un film dont on a du mal à cerner précisément le chemin, le point de départ comme la destination. Et même si l’histoire est soumise à un sujet à la gravité lourde, c’est néanmoins agréable d’être confronté à un film imprévisible, mystérieux, différent. Le bleu du miroir