Besoin d’un petit ami cultivé pour impressionner votre entourage ? D’un fils parfait pour forcer l’admiration de vos clients ? D’un répétiteur pour vous préparer à une dispute conjugale ? Louez Matthias, un maître dans sa profession, excellant chaque jour à se faire passer pour une personne différente ! Mais quand Matthias doit être lui-même, le véritable défi commence...
Premier film affûté comme un scalpel, Peacock est d’abord une farce, une satire teigneuse de la société moderne du paraître – le titre du film se réfère au paon, animal-totem dont la queue s’orne de mille yeux, qui semble n’exister que pour briller au regard des autres. La charge est féroce et la grande bourgeoisie autrichienne en prend pour son grade sous la caméra de Bernhard Wenger. Mais peu à peu, en auscultant l’humanité en déshérence de Matthias, l’humour ravageur du film se teinte d’un délicat désespoir. Et de la bourgeoisie, la cible s’élargit à toute la société – on retrouve là, à cent ans de distance et en moins austère, mais toujours en Autriche, « l’homme sans qualités » de Musil, incapable de trouver un sens à sa vie et au monde qui l’entoure. Peacock, comédie saignante, se mue doucement en fable morale. Un régal.
D’après Utopia