Présidents est un délice de comédie à la française, avec des personnages sacrément incarnés, portée par un merveilleux duo d’acteurs qui peaufinent leur composition, jouent d’une certaine ressemblance physique avec leurs modèles et en creusent les aspérités psychologiques. Colères volcaniques de l’un, piques sournoises de l’autre. Feinte indifférence de l’un, acharnement à vouloir convaincre de l’autre. Jean Dujardin et ses mouvements d’épaules, en puncheur fragile, Grégory Gadebois, matois et faussement lymphatique. Deux personnages de fantaisie, rivaux en cabotinage et complices en vacheries, se découvrant mutuellement dans des échappées bucoliques à vélo (électrique pour François, de course pour Nicolas) sur les petites routes de Corrèze.
Des dialogues au cordeau, plein de références drolatiques, des situations cocasses, de subtils revirements, une vivacité dans le ton, une originalité permanente dans les rapports de force. C’est une fantaisie, teintée de gravité, sur l’après. Comment ces drogués de la politique accepteraient-ils de renoncer à l’adrénaline de la reconquête et à l’ivresse du pouvoir dont ils ne sont jamais sevrés ? La Croix