Le héros du film s’appelle Muzamil, et c’est un garçon qu’une malédiction frappe dès sa naissance. Au grand malheur de ses parents, un cheikh soufi en visite dans leur village, leur annonce que le garçon mourra lorsqu’il atteindra l’âge de vingt ans. Son père, triste et impuissant, s’en va chercher du travail à la ville puis à l’étranger, le laissant seul avec sa mère qui porte dès lors perpétuellement le deuil. Celui que l’on appelle dans le village «l’enfant de la mort» va lui même se résigner à sa fin prochaine et se plonger dans l’étude du Coran. Mais il y a Naïma, une jeune femme qui aime Muzamil depuis l’enfance... Et puis survient un homme d’âge mûr, Suleiman, qui a vécu à l’étranger et qui est revenu au village tout en restant à l’écart. Tout chez cet homme représente la liberté et l’indifférence face aux traditions. Et, miracle, Suleiman va faire découvrir à Muzamil, à travers quelques bobines conservées, le cinéma d’autrefois, et avec lui le Soudan libre des années 60/70. Et de fait on peut deviner que le combat du cinéaste pour la liberté s’incarne dans le personnage de Suleiman. Mais il filme aussi avec infiniment de beauté et de tendresse les rituels et les couleurs de la ruralité soudanaise. Un bijou ! Utopia