Six ans séparent la sortie d’À peine j’ouvre les yeux de celle du second opus long signé Leyla Bouzid. La jeune cinéaste a passé un cap avec ce récit d’une rencontre. Sa mise en scène se déploie, son écriture s’enrichit, son œil se précise.
Un jeune homme, une jeune femme sont ici réunis par Paris, l’université et la littérature. Tels deux aimants, ils se découvrent, s’observent et se tournent autour avant de s’approcher. C’est elle qui fait le premier pas. Et ce ne sera pas le seul. Car elle est plus aguerrie en matière de connaissance de soi, et d’assomption de son désir, quand lui est encore hésitant et dans le contrôle. Magnifique idée de relier Farah et Ahmed – elle, venue de Tunis ; lui, d’Île-de-France – par le prisme de la littérature érotique arabe.
Le Jardin parfumé, ouvrage tunisien clé du XVIe siècle, en est l’acmé, et la cinéaste en fait l’un des catalyseurs de l’aventure. Avec son récit d’apprentissage amoureux, Leyla Bouzid transcende la figure de ce duo particulier, qui atteint l’universel.