Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans.
Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.
Chez Dupontel, même s’il semble s’adoucir, le mélange des genres est toujours explosif, en beaucoup moins trash ici – car le désenchantement le dispute au romantisme et c’est ça qui est beau –, en beaucoup plus maîtrisé aussi. Le film va vite, à l’aune de ses personnages qui courent sans cesse. Mais il s’offre aussi des moments suspendus, comme cette belle scène où l’aveugle décrit à Suze les rues qu’ils traversent, tandis que la caméra nous montre une tout autre réalité. Il y a des onomatopées et des accélérations à la Tex Avery et des gags et cadrages façon BD, il y a du Terry Gilliam (les archives et certains noms propres, dont Tuttle, font référence à Brazil), et du Chaplin pour l’émotion brute qui vous submerge devant deux jeunes amoureux qui osent enfin s’approcher, ou deux vieux amants, dont l’un a perdu la mémoire, se retrouvant comme au premier jour. Et il y a du Dupontel de A à Z, du scénario à la mise en images et en sons : cet oxymore sur pattes, méchant gentil, désabusé plein d’espoir, qui raconte (presque) toujours la même histoire : avec des outsiders, des policiers, des enfants volés ou abandonnés ou malmenés ou non désirés. Face à Virginie Efira, touchante et désarmée, on le retrouve tel qu’en lui-même derrière le personnage de J-B, entre naïveté inaltérable et conscience claire d’un monde injuste et laid, où le travail ne paie pas, où les petites maternités deviennent des ronds-points moches et où les spirales sont forcément infernales. Adieu les cons, bonjour tendresse…
Bande à part