La déesse Mari confie au Diable ses deux fils, nés d’un père mortel, pour leur éducation. Lorsqu’ils atteignent leur majorité, l’un, Mikelats, décide de rester auprès du maître, tandis que l’autre, Atarrabi, s’enfuit. Mais le Diable réussit à retenir son ombre.
L’étonnement n’est jamais aussi savoureux que lorsqu’il surgit de là où on l’attendait le moins. Auteur singulier de films tout aussi uniques, Eugène Green nous séduit sans réserve depuis une vingtaine d’années par une filmographie d’une rare cohérence mais de laquelle nous ne soupçonnions pas, avouons-le, une telle capacité de rafraîchissement. Cet amateur de culture européenne, épris d’art baroque, amoureux d’une langue française qu’il a fait sienne après avoir répudié son pays d’origine (il dit être né à la “Nouvelle York en Barbarie”), s’est pris de passion pour la culture et la langue basques, dont il adapte ici un récit mythologique : l’histoire de deux frères ennemis, Atarrabi et Mikelats. Il fallait donc opérer un véritable transfert de l’univers greenien dans ce nouveau territoire. Eh bien, quelle réussite ! Utopia