On ne s’ennuie jamais vraiment avec Yórgos Lánthimos. Ça ne suffit pas, of course, mais c’est déjà ça de pris. Qu’on soit partisan ou détracteur de son cinéma baroque à souhait, force est d’admettre que le réalisateur sait nous embarquer dans des univers à chaque fois différents et stylisés, où le délire, le grotesque et le malaise sont les bienvenus.
Le délire ici, c’est celui qui anime Teddy et son cousin Don. Les deux ont l’air de clochards et survivent dans une bicoque isolée plus vraiment entretenue. Le premier, amoureux des abeilles et apiculteur à ses heures, a nourri une haine féroce contre le capitalisme écocide. Accro aux diverses élucubrations glanées sur le Dark Web, l’allumé est persuadé que les grands de ce monde sont en fait des aliens dissimulés. Pour stopper leur mission, Teddy est persuadé qu’il faut passer à l’action. C’est la PDG impériale et redoutable d’un géant pharmaceutique qu’il faut kidnapper. Bien sûr, on rit, mais pas que. On tremble aussi devant la montée de violence. Puis on est médusé par le twist très malin, qui intervient dans le dernier tiers du film. Bugonia, c’est un huis-clos absurde et terrifiant, mais aussi un bras de fer psychologique et physique, au fin fond d’une cave.
Télérama