Trois ans après le coup d’état de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve alors loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée. Chili 1976 commence doucement, mais c’est un slow burner dont la personnalité se dévoile progressivement et sobrement, à l’image de cette étonnante bande-son anachronique, évoquant presque le cinéma fantastique. Martelli fait preuve d’un talent décriture subtil. Son scénario au regard nuancé et contempo-rain est trop malin pour mettre sur un même plan les tergiversations morales d’une femme aisée et la dictature recouvrant tout un pays, ou pour faire passer les malheurs de son héroïne avant ceux du dissident ayant risqué sa vie. Ce portrait du Chili, le film le brosse avec à chaque séquence davantage de nuances. Brillant, le résultat n’a pas la naïveté d’un lever de soleil mais possède l’acuité aveuglante d’un soleil perçant.
Le Polyester