Il y a quelque chose de pourri en Virginie-Occidentale, au cœur du massif des Appalaches, en cette fin des années 1990. Les fermiers voient leurs vaches mourir les unes après les autres, les yeux rouges, sanguinolents, comme si elles avaient été possédées. Les habitants de la région affichent quant à eux un taux anormalement élevé de cancers… Et au milieu du paysage, une usine appartenant à Du Pont, l’un des plus grands groupes industriels de chimie des Etats-Unis. Une usine gigantesque dont tout le monde sait depuis 40 ans qu’on y stocke des quantités pharaoniques de déchets. Mais tout le monde ferme plus ou moins les yeux, Du Pont faisant littéralement vivre toute la ville.
Malgré l’énormité de la catastrophe écologique et humaine, tout resterait probablement en l’état si contre toute attente un avocat, Rob Bilott, que rien pourtant ne semblait désigner pour mener un tel combat, n’acceptait d’écouter puis de défendre un malheureux fermier qui voit son bétail mourir et sa propre santé et celle de ses proches s’étioler.
Todd Haynes s’attaque ici au film judiciaire, au film de dénonciation. S’appuyant sur la performance intense de Mark Ruffalo, il mène impeccablement son récit, avec le parfait classicisme que requérait son sujet, et nous captive d’un bout à l’autre de ce parcours judiciaire. Utopia