Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour de-mander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit.
Le romancier Marc Dugain avait prouvé en adaptant L’échange des princesses sa maîtrise à convertir un récit – historique – en plages de temps de cinéma. En donnant corps à Eugénie Grandet, il prend un risque certain, tant le roman est familier à de nombreux spectateurs. Pari réussi, car Marc Dugain n’hésite pas à choisir un angle féministe fort. Récit d’obsessions maladives du père pour ce qui lui appartient, la fortune et sa fille, de la fille pour ce qui lui échappe, l’idéal masculin et le bonheur, le film rend avec acuité toute l’ambiguïté du roman de Balzac. Le Méliès Saint Etienne