« France » est à la fois le portrait d’une femme, journaliste à la télévision, d’un pays, le nôtre, et d’un système, celui des médias.
À chaque film, Bruno Dumont a cette faculté de nous surprendre, ce qui est la marque des grands cinéastes. Après le burlesque de Ma Loute et de P’tit Quinquin, puis la comédie musicale en deux volets, plus ou moins inspirés, sur la vie de Jeanne d’Arc, le réalisateur nordiste a débarqué au Festival de Cannes, en compétition, avec un nouvel ovni cinématographique. France est de l’aveu même de son auteur une sorte de « roman-photo ». Sous ses atours au kitsch et à la vulgarité assumés, il dresse le portrait au vitriol d’une femme – journaliste de la télévision –, mais surtout d’un pays qui ne sait plus très bien où il en est, livré à la bêtise des réseaux sociaux et au cynisme de ses élites. Une satire avec laquelle Bruno Dumont tend à notre époque un miroir à peine déformant et plutôt désespérant.
La Croix