Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma sont hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeune mère. Cinq adolescentes qui ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leur enfant.
Jessica, Perle, Julie, Ariane et Naïma ont en commun d’avoir été élevées dans la carence. Et c’est aussi tout le constat du film, qui démontre avec beaucoup de finesse, d’élégance et jamais en tombant dans le pathos ou quelque chose de trop plombant à quel point on rejoue ce qu’on a toujours connu. Pour les filles de notre histoire, mal aimées, voire pas aimées du tout, elles se construisent avec ce manque originel et pourtant indispensable. Alors elles ne vont connaître à un moment que beaucoup d’échecs, ne partant avec les mêmes bases qu’une majorité écrasante. Et quand on a connu que ces échecs, quand tout à coup, le bonheur se pointerait, on va forcément le mettre à défaut, le refuser, c’est rassurant car on connaît. C’est l’auto-sabordage. Un vrai symptôme de vulnérabilité, disséqué dans le film, en toute pudeur, mais malheureusement dans son implacabilité.
Et puis Jeunes mères, ce sont des combats terribles, des quêtes d’amour toujours inassouvies et au final des juxtapositions d’impossibles. Vont alors pour les aider à faire tiers, médiatiser avec le reste de la société et apprendre à toutes les tous les pas de côtés, les bonnes fées tout le temps, les substituts même parfois, les professionnels de l’empathie. Les travailleurs sociaux qui tentent de réparer les bleus aux cœurs et aux âmes, dans ce centre maternel ou ailleurs, sous-payés, pas reconnus, juste quand les institutions veulent se pâmer de bonne conscience. A l’aune de la présence des professionnels auprès de ces jeunes filles, certaines scènes vont être déchirantes. Certaines des jeunes, quand elles sont en crise, en détresse, notamment d’abandon vont, littéralement s’abandonner dans les bras des éducatrices et soignantes, appeler leur mère. Elles se servent du corps de l’autre pour la chaleur, tout en hurlant leur désespoir. Bouleversant car tellement réel, pour déplier ce récit, les Dardenne utilisent leurs traditionnels plans séquences, ce qui permet de retrouver l’intensité que l’on aime tant dans leur façon de mettre en scène.
Au final, du cinéma qui permet très certainement moins de jugements faciles et plus de tolérance, et c’est déjà beaucoup !
D'après Les chroniques de cliffhanger