Une station balnéaire, des gendarmes et un requin qui rôde le long des côtes… À vue de nez, Ludovic et Zoran Boukherma font du neuf avec du vieux. Mais à y regarder de plus près, les jumeaux trentenaires signent une oeuvre enthousiasmante, mêlant habilement cinéma horrifique et humour dans une fiction qui assume des élans documentaires avec un naturalisme volontairement mal dégrossi.
Avec une propension affirmée pour le genre (Teddy leur a permis de revisiter la figure du loup-garou), ils détournent celle du squale dans l’Année du requin, très loin du Spielberg des Dents de la mer. Ils lorgnent davantage du côté de Tarantino dans leur désir de magnifier la pop culture, ainsi que de Bruno Dumont avec son appétence pour les « gueules » et les acteurs non professionnels. Sans se revendiquer militante, cette tragicomédie sanglante raille le racisme ordinaire, témoigne du réchauffement climatique et ausculte la défiance systématique face aux discours officiels. Le récit s’invite à La Pointe, une station balnéaire imaginaire et populaire du sud-ouest de la France. Elle voit sa torpeur secouée par d’étranges phénomènes. De quoi titiller l’envie de Maja de prolonger son bail sous l’uniforme de gendarme, malgré les promesses faites à son mari trop attentionné...
L’Humanité