Grosse prise de risque cette année encore pour l'équipe du cinéma Itsas Mendi dans ses prédictions du palmarès des Césars !
4,5€ pour tous sur ces séances de reprise.
Quand Abel apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine, est sur le point de se marier avec un homme en prison, il panique. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, il va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, pourrait bien offrir à Abel de nouvelles perspectives….
Louis Garrel est un formidable comédien, tout le monde le sait, tout le monde l’a vu, personne n’en débat. Mais il n’est pas que ça, c’est aussi un réalisateur dont on avait pu mesurer le talent avec ses premières tentatives derrière la caméra, L’homme fidèle ou La Croisade. L’Innocent est son 4ème long-métrage, dans lequel il cumule une fois encore les casquettes d’acteur, scénariste et metteur en scène. Mais c’est surtout son plus ambitieux, comme s’il montait en gamme, en désirs, en intentions. Entouré des excellents Roschdy Zem, Anouk Grinberg et Noémie Merlant, Louis Garrel signe ici son film le plus abouti et le plus solide.
Comédie ou polar ? Les deux mon capitaine. Mais attention, les deux au sens strict du terme, pas une banale conjugaison des deux comme on a pu en voir des palanquées. En clair, L’innocent n’est pas un polar de comédie, c’est à la fois une pure comédie et un authentique polar, le tout teinté de romanesque. Avec L’Innocent, l’acteur-cinéaste accomplit un mariage étonnant, livrant un film délicieusement singulier, joyeusement loufoque, passionnément romantique aussi, et dans le même temps haletant comme un vrai polar noir.
Comme s’il avait atteint une forme de maturité lui permettant de dépasser un peu son cinéma jusqu’ici joliment bobo parisien très soumis à l’inspiration de ses maîtres de cinéma (de Demy à Honoré), Louis Garrel se mue enfin en chef d’orchestre composant un film terriblement attachant dans lequel on trouve tout ou presque. De la tendresse avec cette magnifique relation mère-fils qu’il incarne aux côtés d’Anouk Grinberg (à laquelle il offre un rôle en or). De l’humour aussi grâce à son sens des dialogues ciselés et mélodieusement drôles, que son phrasé unique sublime constamment. Du suspense enfin, avec un vrai respect accordé à la face « polar » de son récit. Et pour couronner le tout, beaucoup de mise en scène. Jusqu’à présent, Garrel balbutiait, comme s’il cherchait son style, mais sans toutefois donner l’air de faire brouillon. Avec L’innocent, il conjugue avec maîtrise tout ce qui le définit, sa modernité, sa finesse, son sens des bons mots, son amour de la culture 80’s (dans la musique ou dans la mise en scène avec ses split screen dignes de De Palma) et enfin son côté un brin loufoque et décalé.
Mondociné