« Nous voilà devenus l’oubli que nous serons » est un vers du poète Jorge Luis Borges qui a servi de titre à un livre avant de devenir un film. Celui que Héctor Abad Faciolince, journaliste et romancier colombien, a consacré à son père. Une tendre chronique familiale en même temps que le portrait d’un homme de vertu, bon père de famille et bon médecin qui, sa vie durant, s’est battu au nom d’un idéal, celui de l’accès aux soins des plus pauvres, et en paiera lourdement le prix dans un pays et une ville, Medellin, en proie à la violence et la terreur.
Cette autobiographie a rencontré un immense succès dans les pays hispanophones, où il est devenu un best-seller, mais a connu une moindre audience ici. L’adaptation qu’en a faite Fernando Trueba pour le cinéma vient réparer cette ignorance. D’autant que le cinéaste espagnol a su avec beaucoup de délicatesse et d’empathie retranscrire ce qui faisait toute la beauté du livre, le regard d’un fils sur un père adoré et admiré et les tendres souvenirs de cette famille unie de six enfants, autant que le destin exemplaire de cet infatigable défenseur des droits de l’homme. La Croix