La rencontre, sous nos yeux de spectateurs, de deux personnages ; la naissance du lien subtil qui va les attacher l’un à l’autre, d’abord ténu, puis de plus en plus puissant, est toujours un moment de cinéma fort et émouvant. Quand il s’agit d’un adulte et d’un enfant, et que ces deux-là n’ont pas pour bâtir leur histoire le socle des liens du sang, l’histoire, tout en subtilité et en délicatesse, est alors bouleversante.
Toute la filmographie de Carine Tardieu est traversée par cette idée du lien, comme un fil rouge qu’elle déroule inlassablement, pour en révéler les couleurs chatoyantes et les nœuds invisibles, la douceur et la rugosité, la fragilité et la robustesse. Film après film, elle s’aventure un peu plus profondément sur ce terrain complexe et mouvant, la légèreté de ses premières œuvres, plutôt des comédies (La Tête de maman, Du vent dans les mollets…), laissant peu à peu la place à quelque chose de plus profond. Comme un voyage intérieur qui mène à la source, aux fondamentaux : l’amour profond, pur, comme une évidence brute entre deux êtres, l’apprivoisement réciproque, inattendu, entre un gamin de sept ans, curieux de la vie, spontané, et une solide quinquagénaire à l’instinct maternel atrophié, au premier abord même un chouïa atrabilaire. Une réussite !
D’après Utopia