Jacques Prévert, école primaire en Seine-Saint-Denis, est menacée par l’arrivée d’un nouvel établissement scolaire bobo-écolo flambant neuf. Zahia la directrice de l’école, en quête de mixité sociale, s’associe à Marion, jeune instit pleine d’idées, pour créer la première « école verte » de banlieue et attirer les nouveaux habitants. Mais pour ça, il va falloir composer avec une équipe pédagogique disons... hétéroclite, et pas vraiment tournée vers la nature. Pour faire simple, si l’on devait définir La Cour des Miracles, on pourrait l’en rapprocher du cinéma de Louis-Julien Petit (Les Invisibles) en cela que le film de May et Zouhani utilise à peu près la même formule mêlant sujet sociétal, comédie, pointe de drame et propos social engagé. A quatre mains, le tandem tricote un film positif, dénonciateur mais porteur d’espoir et de promesses. Car au fond, le duo de cinéastes ne donne jamais dans le cynisme cinématographique. Le sujet de fond ne se dessine jamais « au détour de », il s’impose constamment comme le cœur essentiel du récit d’un film à l’engagement vaillant. La Cour des Miracles se confronte avec clairvoyance à certaines tares du système de l’éducation nationale. Dysfonctionnements, délitement du professionnalisme, inégalités et injustices, manque de moyens, danger d’un fonctionnement à deux vitesses, gentrification au détriment de tout esprit de mixité sociale, au détriment d’écoles inconsidérées devenant ainsi les poubelles de leurs voisines plus huppées... Tels sont quelques-uns des fléaux que La Cour des Miracles pointe du doigt. Mais dénoncer est facile. Là où Zouhani et May sont intelligents dans leur démarche, c’est qu’ils ne se contentent pas d’enfoncer des portes ouvertes. Ils essaient de proposer des embryons de solutions. Ce ne sont peut-être pas des solutions miracles, elles ne sont peut-être pas idéales, bonnes ou même viables, mais ils soulignent bien l’idée que c’est en essayant que l’on parvient, c’est en cherchant que l’on trouve. Certainement pas en cloisonnant la misère pour éviter qu’elle entache « le reste ». En recourant à la dialectique du « joli film engagé drôle et touchant » dont il coche bien toutes les cases, La Cour des Miracles fait mouche et parvient à se rendre important. Important dans ce qu’il dénonce, important dans ce qu’il imagine. Ici, l’idée est de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs (plutôt que de réformer avec des œillères) et de lier ce qui peut l’être, ce qui incarne l’avenir : l’école et l’écologie, dont on sous-estime clairement l’utilité tant sociétale que pédagogique.
D'après Mondociné