Le titre originel et international du film est « Just 6.5 ». C’est le nombre – sans cesse croissant – de toxicomanes en Iran : 6,5 millions. Dans ce pays, où dix tonnes de drogue sont consommées chaque jour et qui est frontalier avec l’Afghanistan, dont la narco-économie est florissante, la moindre possession de stupéfiants est punie de la peine de mort par pendaison. Une perspective qui n’effraie guère les trafiquants, prêts à tout pour faire passer leur marchandise.
Le thriller, lui aussi stupéfiant, de l’Iranien Saeed Roustayi, s’ouvre par une descente musclée de la police de Téhéran dans une cache de dealers de crack. Elle annonce une traque infernale : un flic modeste aux méthodes brutales, veut mettre la main sur un richissime parrain de la drogue.
Dans ce film scénarisé et cadré à l’américaine, la caméra portée suit au pas de charge le chasseur et sa proie, pénètre dans les maisons où les femmes et les enfants tiennent lieu de paravents (et d’alibis), sur les chantiers dont les canalisations sont transformées en refuges, derrière les barreaux de prisons surpeuplées et dans les tribunaux. C’est haletant sans être jamais binaire, virtuose sans être tape-à-l’oeil, et le portrait que Saeed Roustayi donne de la société iranienne est édifiant, sans être moralisateur. La fin est comme le début : à couper le souffle. Jérôme Garcin