CINE-DEBAT
Le dimanche 20 novembre à 17h00
à l'initiative du Service jeunesse de la Mairie d'Urrugne et en partenariat avec l'association Eleak, le coin à parole.
Apéro participatif après la séance.
Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre...
J’ai voulu écrire le film de ce personnage secondaire du récit avec les outils du cinéma. Un cinéma de personnage secondaire, contre un certain cinéma de protagonistes, vivant passions et excès dans la brûlure et le conflit. Faire triompher une autre grille d’émotions : l’amitié entre hommes et femmes, la tendresse entre femmes, le dépit davantage que la trahison, la mélancolie
des rendez-vous ratés avec l’existence, mais aussi l’excitation des rendez-vous réussis avec le désir, l’érotisme, la joie consolatrice. Les amours de transition, ceux qu’on vit entre deux grandes histoires, et que les américains appellent les «rebonds». La rebond girl, le rebond boy. J’ai pensé Les Enfants des Autres dans sa dimension mélodique, littéraire. Il faut lire pleinement tous les fondus au noir, les ouvertures à l’iris, les cieux dans lesquels les saisons passent, comme des chapitres d’un compte à rebours lancé dans la vie d’une femme, d’un couple, son désir.
Les Enfants des Autres doit quasiment tout à ses interprètes. Roschdy Zem, mon grand allié depuis Les Sauvages, Chiara Mastroianni, qui a accepté de venir pour quelques scènes car en les tournant nous nous disions qu’on déjouait la règle selon laquelle il n’y a souvent de place que pour un seul grand rôle féminin, pas deux. Le film a surtout réparé -et j’allais dire vengé !- le rendez-vous raté il y a des années avec Virginie Efira, qui apporte ici son « cerveau érotique », pour reprendre l’expression de la romancière Anne Berest. Son intelligence de jeu, sa générosité, sa dignité en faisaient l’héritière des figures de ces études de moeurs dont l’ombre planait, tutélaire, au-dessus du film : Jill Clayburgh, Meryl Streep, Diane Keaton. Des femmes qui m’émeuvent et en qui je me reconnais, pour qui la féminité n’est pas une donnée, mais leur propre invention. J’ai voulu faire, avec Les Enfants des Autres, un film qui m’avait tout simplement manqué.
Rebecca Zlotowski