Marseille… On est clairement au pays bleu de la galéjade, au bord d’un littoral de rêve. En bas d’une barre d’immeuble, s’improvise une bataille d’eau entre ados et moniteurs du centre social. Ce sont eux surtout, les monos, que la caméra va suivre : des non-héros de la vie quotidienne, tellement touchants malgré leurs grandes gueules, leurs boutades et leurs taquineries. Le responsable du centre qui draine les mômes du quartier s’appelle Omar. C’est un beau gosse un brin replet à l’air doux mais responsable, à peine plus vieux que ses ouailles. Il fait autorité parmi ses copains / animateurs qu’il a embarqués dans sa démarche : apporter de la détente, de la culture dans cette zone oubliée de la république… La seule fille acceptée dans la bande est Yasmine, la dulcinée d’Omar, qu’il s’apprête à demander en mariage, comme pour faire mentir le fameux « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » d’Arthur Rimbaud. Tous se réjouissent, envient secrètement leur calme détermination… Personne ne fraye plus avec la bande vaguement délinquante qui sévit mollement à côté. Malgré de rares mots provocateurs, quelques regards sombres échangés, le centre aéré a incontestablement trouvé sa place : un endroit ouvert à toutes celles et tous ceux qui veulent jouer le jeu du respect. Rien ne semble pouvoir diviser ce petit groupe d’inséparables qui cachent mal, derrière leurs postures avantageuses, leurs impuissances et leurs malaises. Tous rêveraient, à l’instar d’Omar, d’avoir leur Yasmine. Mais dans le quartier, trouver une fille, et surtout être une fille, ce n’est pas évident. Il y a celles qu’on ne calcule pas, celles qu’on calcule trop. Entre les deux, la frontière est aussi fine qu’un fil de funambule sur lequel il est difficile de rester en équilibre.

C’est le retour d’une enfant prodigue, une ancienne copine de classe, qui va semer la zizanie. Sa réputation est faite, à celle-là : elle s’est prostituée ! Officiellement, cela ne peut lui être pardonné. Mais officieusement… Dès l’apparition de Carmen, fille aux yeux de braise et au prénom d’opéra, tous les ingrédients sont réunis pour provoquer le drame. Elle est belle Carmen, avec sa séduction provocatrice, aussi belle que Yasmine et sa grâce tout en rondeurs de fille sage. Entre elles, autour d’elles, l’ambiance devient vite électrique, attisée par les non-dits entretenus par les garçons, déjà de petits hommes… On les voit forcément s’affronter, se jalouser, se détester… mais y’a pas à dire, à cette âge-là les filles sont bien plus matures que les garçons !

D’après Utopia