Au cinéma, ces temps derniers, dans Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski, et L’Innocent, de Louis Garrel, Roschdy Zem était fragile et attendrissant. Dans Les Miens, son sixième film en tant que réalisateur, il est arrogant, autolâtre et fortuné. Présentateur, à la télé, d’une émission sur le football, Ryad se soucie plus de ses audiences que de sa famille, dont il est le dieu lointain. Un jour, son frère, le gentil Moussa (Sami Bouajila), que sa femme a quitté, victime du syndrome frontal après un traumatisme crânien, et désormais désinhibé, lui dit ses quatre vérités. Et voici que Ryad, en couple avec Maïwenn (coscénariste du film), vacille et tombe de son piédestal. Interprété avec une sensibilité rare, Les Miens, dont on devine la portée auto-biographique, est un magnifique portrait de groupe, ravagé par la tempête. Un film, aussi, sur la parole recouvrée. Devant et derrière la caméra, Roschdy Zem, qui ne s’épargne pas, dit aux siens qu’il les aime. Et nous, on aime ça.
Jérôme Garcin