Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (banlieue de Damas en Syrie), plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. Yarmouk se retrouve alors isolé et le réalisateur témoigne des privations quotidiennes, tout en rendant hommage au courage des enfants et des habitants du quartier.
Pour témoigner de la tragédie humaine d’un siège où une population entière se retrouve privée de nourriture, de médicaments, d’électricité sans contact avec le reste du monde, Abdallah Al-Khatib filme et construit postérieurement un récit pudique sur un drame humain d’une ampleur gravissime. Cela passe par un montage judicieux qui rend compte d’un quotidien saisi sur le vif en évitant le pathos de scènes surdramatisées. La conscience politique et humaniste d’Abdallah Al-Khatib passe par le souci de la dignité humaine puisque les personnes sont filmées dans leurs stratégies de survie et de solidarité dans un mouvement vers l’avant. La représentation du quotidien à Yarmouk est traduite notamment par la force de l’énergie du regard des enfants eux-mêmes et dans la retranscription de leurs propres rêves. Dans le dénuement total, la résilience participe de l’implication de chacun pour dépasser l’étouffement du siège. Le documentaire d’Abdallah Al-Khatib rend toujours vivante la nécessité de mettre fin à un conflit dont la durée est une tragédie pour les populations civiles prises en otage.
En 2015, suite à l’expulsion de la population sous les assauts de Daech, Abdallah Al-Khatib a dû fuir et prendre le chemin de l’exil avant d’imaginer quelques années plus tard une fois l’Allemagne atteinte, de partager l’expérience humaine de ce siège subi. Un document nécessaire pour comprendre la situation des Palestiniens au Moyen-Orient au sein de la violence armée du régime syrien autour d’une approche distanciée grâce aux mots poétiques d’Abdallah Al-Khatib en voix off cherchant à fermer les plaies laissées ouvertes de cette tragédie humaine.
Médiapart