Un mobil-home sommaire, planté au milieu d’un champ en friche de l’Arkansas : pour la petite famille sud-coréenne, le rêve américain ne fait pas rêver. La mère, Monica, a la tête des mauvais jours. « Ce n’est pas ce que tu m’avais promis », reproche-t-elle à son mari, Jacob, qui veut pourtant voir la vie en rose, pendant que leurs deux jeunes enfants jouent dans la prairie.
Le travail précaire n’est pas plus réjouissant : le couple trie, dans une ferme avicole des poussins. Mais Jacob a une autre ambition, plus lucrative : cultiver son lopin de terre, y faire
pousser des légumes destinés à la diaspora coréenne de la ville voisine. Venue rejoindre sa famille, l’inénarrable et indomptable grand-mère Soonja est moins présomptueuse : elle plante, au bord d’un étang, des graines de minari, promis à croître et lui survivre.
Cette crucifère aromatique donne son titre à un film aussi délicat qu’émouvant, dans lequel le réalisateur évoque sa propre histoire et celle de ses parents. A ce sujet âpre, comme s’il voulait le réconforter, le réalisateur a donné une image
de toute beauté et des cadres à la Malick. Il a mis de la grâce dans la crasse et du soleil dans l’eau froide, où le minari fleurit. Jérôme Garcin