1759, sur l’Isle de France, actuelle Île Maurice. Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel toujours formidable), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire (Camille Cottin, terrifiante), célèbre chasseuse d’esclaves, est alors engagée avec ses hommes pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour et suivre les traces de sa fille. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.
Cette traque qui raconte à la fois le destin individuel d’un père et de safille et l’irrépressible soif de liberté de toute une communauté enchaînée, est filmée avec une rigueur exemplaire qui ne laisse jamais hors champs toute la violence de son sujet. Ici, la brutalité du colon n’est pas aseptisée et le film est raconté par le prisme de celui qui subit, et c’est très fort. Ni chaînes ni maîtres est un film qui fera date, sur un sujet essentiel, et il marque aussi l’acte de naissance d’un talentueux réalisateur.
Utopia