On sait tous que le piranha est ce poisson laid à faire peur. On ne saurait trouver image plus glaçante pour évoquer les jeunes héros du film qui, à peine sortis du giron de leur mère, a priori inoffensifs individuellement, vont pourtant, en bande, semer la terreur dans les quartiers populaires de Naples.
Au départ il y a le roman très documenté, inspiré de nombreux faits divers, écrit par Roberto Saviano. Journaliste hors pair, il a en 2006, dans Gomorra, réalisé une enquête approfondie sur la Camorra napolitaine et la façon dont elle gangrène la vie de tous les habitants de la Campanie, ainsi que sur toutes ses ramifications jusqu’à l’Espagne. Dans Piranhas, Saviano évoque l’évolution inquiétante de la Camorra napolitaine qui voit les vieux parrains d’autrefois – qu’il n’idéalise nullement – progressivement supplantés, voire tout bonnement éliminés par des gangs de très jeunes gens qui veulent tout tout de suite, le pouvoir et l’argent, au prix de risques insensés que n’auraient peut-être pas pris leurs aînés, s’affranchissant des prétendues règles qui régissaient les guerres entre clans.
Utopia