Polaris fait d’emblée un pari de cinéma. Du brouillard d’une tempête du grand nord émerge une apparition que nous prenons d’abord pour un mirage : la petite silhouette surgie du néant se rapproche de nous, avançant à grand peine contre les éléments déchaînés. Ce premier plan annonce le mouvement du film, embrassant la trajectoire de son personnage principal, Hayat. Polaris nous embarque avec elle dans un voyage glaciaire, accompagné par un remarquable travail du son, et dont la beauté austère entre en résonance avec sa lutte intérieure.
Femme capitaine, marin qui navigue aux confins du monde, Hayat est magnifique. Espérant se construire une vie en dépit d’une histoire familiale maudite, elle a choisi de partir. La réalisatrice met en scène l’attachement avec celle qui est restée, sa soeur Leila, tendant leur lien par delà les océans. Tandis que l’une navigue, répétant sans cesse le mouvement d’un départ vers le large, l’autre met au monde un enfant. Chacune à sa manière conjure une prédiction d’abandon.
L’ACID