Ce sont les premiers gestes du matin. Mia, avant de se rendre à la Maison de la radio, où elle œuvre en tant que traductrice russophone, arrose ses plantes sur son balcon, brise un verre en voulant se servir du café, saisit une pomme, qu’elle emporte dans son sac. Des actes en apparence anodins qu’Alice Winocour filme en apportant une densité particulière à la texture même de ses images.
Quelque chose, dans les premiers instants de Revoir Paris, raconte d’emblée le caractère précieux et fragile de ce qui constitue nos vies quotidiennes : ces petits points d’appui qui, à la faveur d’une maladresse matinale, menacent de se dérober, comme annonciateurs de ce qui va suivre. Ainsi Mia se retrouvera-t-elle, le soir-même, au cœur d’un sanglant attentat. Sur ce traumatisme d’ampleur, sa mémoire jette un voile protecteur : Mia ne se souvient de rien dès lors que les premiers tirs ont retenti. Tout l’enjeu du film consiste à lever progressivement ce voile en reliant entre eux les éblouissements de sa conscience et dessiner la trajectoire de cette courageuse et complexe enquête intérieure.
Bande à part