Dans les années 1920, Edith Swan, la quarantaine, vit encore avec ses parents. Femme très pieuse et sans histoire, elle est victime de lettres anonymes obscènes ou elle se fait insulter copieusement. Rose, sa voisine peu fréquentable, devient alors suspect numéro 1…

Inspiré d'une histoire vraie, Scandaleusement vôtre relate les tribulations d'une petite ville balnéaire anglaise ébranlée par un flot de lettres anonymes insultant l'une des femmes les plus respectables du comté. Dans ce microcosme étriqué par une morale bien-pensante, ces messieurs de la police comptent bien régler rapidement cette histoire de « bonne femme » effarouchée en condamnant illico la veuve étrangère, qui parle comme un charretier, aime passer ses soirées au pub et vit seule avec sa fille… et un homme. Malheureusement pour eux, la toute jeune recrue Gladys Moss compte bien faire son travail, en menant l'enquête dans leur dos.

Ainsi s'installe cette comédie dramatique qui ne se contente pas d'être un bon polar au coupable inattendu. En effet, l'essentiel du film s'attache surtout à dénoncer, non sans humour, la propension des hommes à imposer leur domination sur la gente féminine. Edith, Rose… ont à présent le droit de vote (merci les Suffragettes), elles ont fait tourner le pays quand les hommes étaient au front, mais les notables du village les considèrent encore comme des idiotes. Grand mal leur fasse !

Bien écrite et parfaitement rythmée, cette brillante insurrection féminine est portée par un casting cinq étoiles avec, en tête d'affiche, une Olivia Colman au sommet de son art. Filmée très souvent en plan serré, elle incarne avec un naturel confondant toute la détresse d'Edith, sacrifiée par ses parents pour veiller sur eux jusqu'à leur mort. Une vie morne, submergée soudain par un déluge d'insultes aussi cruelles… que comique. Traiter quelqu'un de « fesses de singe » est visiblement très répandu outre-manche. Ainsi, outre ses nombreuses qualités, Scandaleusement vôtre est aussi une très bonne occasion de perfectionner son anglais !

D'après Abus de Ciné