Ce film mongol accomplit le petit miracle d’être lumineux et porteur d’espoir alors même qu’il décrit une réalité particulièrement difficile. Si seulement je pouvais hiberner fait un bien fou et on est prêt à parier que le bouche-à-oreille va fonctionner à fond !
Ulzii est, dirait-on, un jeune méritant. Ado, aîné de la fratrie, il vit – survit plutôt – avec ses deux frères, sa soeur et sa mère dans une yourte des faubourgs déshérités d’Oulan-Bator, en Mongolie. Il excelle en mathématiques et pourrait remporter une bourse d’étude pour continuer sur cette voie mais à la maison, rien ne va. Le père est absent, la mère se noie dans l’alcool, la famille peine à se nourrir et n’a pas de quoi se chauffer. Les difficultés s’accumulant, Ulzii devient par la force des choses responsable du foyer – figure paternelle par défaut, tandis que la mère part en ville avec le petit dernier. Ulzii est alors tiraillé entre son rêve de décrocher sa bourse et la nécessité de nourrir sa petite tribu, se convaincant lui-même qu’il est difficile de réaliser ses rêves lorsqu’on n’a pas d’argent. Alors même que de lourdes responsabilités pèsent maintenant sur ses épaules, doit-il donner la priorité à ses études pour espérer s’en sortir un jour au risque de mettre en péril ses frères et soeur ?
Heureusement, Ulzii peut compter sur le soutien indéfectible de son voisin, un vieil homme plein de sagesse. Il tisse avec lui une relation pudique, affectueuse, qui l’aide à reprendre confiance en cas d’inévitables coups de mou. La grande force d’Ulzii, c’est qu’il ne cède jamais au découragement. Autonome et solaire, il répond toujours présent. Il s’efforce de motiver la fratrie à étudier, comme lui, seul espoir de s’extraire un jour de leur triste condition. Il se démène allègrement du matin au soir pour résoudre tous les problèmes et mettre un peu de sourire au coeur de ses proches, en dépit des difficultés. C’est lui qui joue avec ses frères et sa soeur, lui qui leur ramène des gourmandises, lui qui les borde, les aide dans les devoirs…
Magnifiquement servie par une photographie subtile, qui fait ressortir les roses et les bleus sur une lumière blanche enneigée, l’histoire d’Ulzii touche bien au-delà de l’anecdote. Puissamment politique, simple et touchante, Zoljargal Purevdash met beaucoup d’espoir, de douceur et de justesse dans son indispensable témoignage, sans jamais esthétiser la pauvreté. Chapeau l’artiste.
Utopia