Récompensé d’un deuxième Oscar pour sa solide performance dans The Father, Anthony Hopkins interprète Anthony, un octogénaire qui essaie de comprendre comment sa vie s’articule. Il est en quelque sorte devenu la pièce manquante de son propre puzzle personnel. Dans son appartement spacieux à Londres, le veuf clame à qui veut l’entendre – principalement à sa fille, Anne incarnée avec beaucoup d’humanité par Olivia Colman -, qu’il va parfaitement bien et que son intellect est solide comme de l’acier. Pourtant, il pourrait bien y avoir de la rouille çà et là.
Si les termes « démence » et « Alzheimer » ne sont jamais explicitement prononcés, The Father traite bel et bien de ce terrible moment de l’existence où la vieillesse commence à dérober les souvenirs et la lucidité. Adaptant avec subtilité et intelligence sa propre pièce récompensée en 2014, le Français Florian Zeller parvient habilement à transformer l’essai avec ce quasi huis-clos déroutant. Il fait de l’espace un ressort essentiel pour matérialiser la mémoire disloquée de son protagoniste éponyme.
Un mélodrame doux mais puissant qui vise juste alors que le sujet de la fin de vie, de l’autonomie et de l’accompagnement de nos aînés demeure plus que jamais d’actualité.
Le bleu du miroir