Une voiture percute une femme, manque d’en renverser une autre sur le point d’accoucher et s’emplâtre dans un mur en verre dépoli au rez-de-chaussée d’un petit immeuble cossu, où résident quatre familles, à Rome. Ces trois étages du titre vont ainsi se retrouver reliés par ce drame, dont l’auteur, ivre au moment des faits, est le fils d’un juge et d’une avocate. Sur la base de cet événement inaugural, le réalisateur de La Chambre du fils, qui adapte ici le roman de l’écrivain israélien Eshkol Nevo, tisse les trajectoires de familles voisines, dont les pères brillent soit par leur absence, soit par leur puissance destructrice. Ici, le cinéaste excelle dans la mise en scène de la complexité humaine. La caméra s’est épurée de la tentation de l’autofiction si im-portante dans l’œuvre de Moretti. Le film choi-sit un ton résolument romanesque qui laisse chez le spectateur la possibilité de toutes les formes d’émotions, qu’il s’agisse de la joie, de la colère, de la tristesse ou du réconfort. Voilà un cinéma qui prend en main ses spectateurs et les conduit dans les méandres des humanités plurielles.
D’après A voir à lire