C’est le début de l’été, à Cannes, où vit Naïma, avec sa mère. Milieu modeste. Elle a 16 ans et se donne la saison pour choisir un métier, a priori dans la restauration : elle doit effectuer un stage en cuisine. En attendant, elle veut profiter de la belle saison. Sa cousine, Sofia, qui débarque sans prévenir de Paris, lui en donne l’occasion. Pour elle, tout semble facile. C’est une bimbo sculpturale, elle glisse quand elle marche, attire tous les regards. Elle porte des produits de luxe, en offre à Naïma. Avec quel argent ? Celui que des hommes très riches veulent bien lui donner. De la prostitution ?
Le mot n’est jamais prononcé, il n’est même sans doute jamais envisagé par Naïma, éblouie par sa cousine. C’est cette forme d’innocence, de regard vierge, qui fait le prix de ce quatrième film de Rebecca Zlotowski, une cinéaste qu’on aime, parce qu’elle explore dans chacun de ses films un univers différent.
Les rapports de classe, la richesse, la fascination qu’elle exerce, la domination et le dédain qu’elle masque aussi, voilà le sujet. Le choix de Zahia Dehar, ex-escort-girl, célèbre, était gonflé de la part de la cinéaste. Elle la filme très bien, en faisant d’elle une Bardot touchante, dont le corps atomique et le visage refaits sont à la fois caressés et questionnés. En restant jusqu’au bout un mystère, pour le spectateur comme pour Naïma...
Télérama