Iya a des spasmes. Des moments de paralysie qui l’empêchent de respirer. Elle cherche alors son souffle. Sur ce postulat, Kantemir Balagov base le tour de force de son dernier film : nous faire ressentir le caractère asphyxiant de la vie de son héroïne.
À Leningrad, ville désolée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Iya n’a d’autre échappatoire à son existence d’infirmière que l’amour qu’elle porte à son fils. Mais celui-ci, très vite, lui sera retiré. Et Iya, encore et toujours, verra son souffle coupé par une amitié toxique et les devoirs que les autres lui imposent (se donner à des hommes, porter la vie, euthanasier celui qu’elle voulait sauver…).
Grande en taille mais des plus soumises, cette femme, interprétée par Viktoria Miroshnichenko, fascine. À l’instar de l’autre rôle féminin de ce long-métrage russe (sa copine Masha, formidable Vasilisa Perelygina), Iya ne se livre jamais entièrement : sauvage bien que docile ; aimante autant que froide.
Relevant aussi bien d’un travail de composition et de construction que d’une improvisation, le jeu de ce duo offre une exaltante intrigue de luttes de pouvoir.
Bande à part