C’est la nuit de Yalda, célébrée depuis des milliers d’années en Perse. Une jeune femme arrive, menottée, à la tour Milad de Téhéran, où se trouve la télévision iranienne. Devant les caméras, Maryam va jouer sa vie, au cours d’une émission de télé-réalité, une sorte de « Quitte ou double » hallucinant. Elle a tué accidentellement son vieux mari et, depuis quinze mois, est détenue. Au cours du débat public, elle doit implorer et obtenir le pardon de Mona (Behnaz Jafari), la fille du disparu, faute de quoi elle sera exécutée.
Le réalisateur, Massoud Bakhshi, construit un drame puissant, inspiré d’événements réels. Le procureur commuera la sentence si les téléspectateurs votent le pardon, et l’amende – le fameux « prix du sang » – sera payée par les sponsors de l’émission. Dans des fauteuils en velours parme, deux femmes en noir, Maryam et Mona, s’affrontent, dans un combat dont le seul but est de faire de l’audience. Sur le plateau sont présents les étudiants de « l’Institut d’Application de la Morale », étrange institution qui plombe le Dalloz coranique.
La loi du talion contre l’audimat, le prix d’une tête contre le coût des pubs. Ici se jouent des guerres dures : lutte des classes (Maryam est pauvre), croyances religieuses, secrets dissimulés…
La banalité apparente de cette histoire et l’acceptation de cette forme de justice, qui s’apparente au lynchage, sont choquantes. Le pardon, enfant de la charité, peut-il être monnayé, sous l’œil de Dieu complice ? « Yalda » est le cantique des humiliés. L’Obs